Cours sur la Méditation
Première session Premier cours
Section I La Méditation: Concentration
Section II Le Loi sur des Justes Relations Humaines
Lois et Principes
sur lesquels se base le travail de groupe
La Loi des Justes Relations Humaines
Le Principe de La Bonne Volonté
La Loi de L'Effort de Groupe
Le Principe de L'Unanimité
La Loi de L'Approche Spirituelle
Le Principe de La Divinité Essentielle
Méditation pour le Nouvel Age
Ce travail de méditation a débuté en 1956,
afin d’amener la pensée des hommes et des femmes partout
dans le monde, à approfondir simultanément certaines
Lois et certains Principes sur lesquels doit se fonder le Nouvel
Age. La liste de ces Lois et de ces Principes se trouve sur la page
précédente.
Les membres - que nous pouvons considérer comme associés
au plan mental - se trouvent partout dans le monde, et se comptent
par milliers. Les livrets peuvent être obtenus en différentes
langues et dans différents pays.
* * *
Section 1
MEDITATION
Introduction
Chacun de nous, consciemment ou inconsciemment, nous construisons
par la pensée sans arrêt, et avant de commencer à
étudier la méditation, nous devons nous rendre compte
que nos désirs et nos pensées remplissent continuellement
le monde intérieur de “formes-pensées”.
Une forme-pensée est une création mentale généralement
chargée de désirs. Elle a une forme tangible sur les
plans subtils du monde de la pensée ; sa force, sa qualité
et sa durée dépendent de la façon dont nous
l’avons créée et de la façon dont nous
l’entretenons.
C'est d'ailleurs la myriade de formes-pensées négatives,
contradictoires et destructives dont l’humanité remplit
les éthers, qui est l’une des raisons du désordre
mondial actuel. L’activité mentale croissante chez
l’homme de la rue qui commence à développer
ses facultés mentales, marque certainement un progrès,
mais elle empire temporairement la situation. Par conséquent,
une de nos premières responsabilités est d’apprendre
à contrôler le mental et, au lieu de renforcer les
formes-pensées confuses et destructrices existant dans le
monde invisible, nous devons apprendre à cultiver des pensées
constructives.
Le domaine du mental est un aspect de l’expérience
humaine relativement inexploré. Cependant de nos jours, l’humanité
apprend rapidement l’existence et le fonctionnement de cette
dimension mentale, et les intelligences aventureuses qui y pénètrent
plus avant, découvrent l'ampleur des possibilités
de ce domaine. Tout ceci indique l'étendue du champ de la
méditation et montre que celle-ci, tout en étant une
technique d'entraînement mental, est l'art de prendre possession
de notre héritage dans les mondes intérieurs.
Comme la plupart des personnes n’ont qu’une idée
vague de ce qu’est vraiment la méditation, il est nécessaire
de clarifier comment elle s'accomplit, comment elle fonctionne,
ce qu'elle atteint, et le service qu'elle peut rendre. Une telle
compréhension est fondamentale pour la pratique de la méditation
en relation avec les Lois et les Principes du Nouvel Age et elle
contribue aussi à nous faire saisir le concept général
de la méditation.
La pensée est une énergie, une puissance invisible,
mais bien réelle; par la méditation, nous pouvons
concentrer notre pensée afin de construire, nourrir et entretenir
soit une idée, soit une qualité, soit un principe
ou encore une loi de la vie. Bref, la méditation est une
action intérieure, c'est-à-dire une action s'effectuant
dans le monde intérieur. Il y a plusieurs types d'actions
intérieures: penser, espérer, imaginer; en fait, toutes
les aspirations et tous les désirs sont des activités
de ce genre. Ces activités cependant, sont généralement
poursuivies sans intention consciente et sans prise de responsabilité.
D'autre part, la méditation prône l'utilisation consciente
et délibérée de la pensée pour accomplir
un but spécifique.
Toute action humaine extérieure est le résultat d’une
certaine activité intérieure. Trop souvent, nous sommes
poussés par nos désirs et nos pensées incontrôlées
et ceci peut provoquer toutes sortes de difficultés et même
entraîner des conséquences désastreuses, tant
pour l’individu que pour l’humanité en général.
C’est pourquoi, il est essentiel que nous devenions maîtres
de notre propre domaine intérieur, ne créant, dans
ce monde subjectif, que ce que nous considérons être
juste et constructif. Ainsi, nous apporterons, sur ces plans intérieurs
notre contribution au bien commun, tout comme nous le ferions dans
le monde extérieur.
Nous apprenons d’abord à réaliser tout ceci
dans notre propre sphère du monde intérieur - premier
champ dont nous sommes responsables - ensuite, nous commençons
à contribuer au domaine général de la vie intérieure
que nous avons en commun avec toute l’humanité. A ce
propos, nous devons signaler les dangers de la suggestion individuelle
et collective. Nous devons comprendre que, tandis que nous créons
tout le temps des formes-pensées - consciemment ou non -
nous participons également à celles-ci. Cela signifie
que nous sommes “ouverts” aux influences à différents
degrés : c’est une seconde raison valable pour laquelle
il n'est pas bon d'être négatifs ou vagues sur les
plans intérieurs. Nous devrions plutôt développer
une vie intérieure positive.
Nous n’avons qu’à penser aux ingénieuses
techniques employées par la publicité - aux “persuasions
cachées” - pour comprendre la grande part que l'influence
psychologique joue dans la vie actuelle. Ceux qui travaillent dans
le domaine des affaires et qui ont des intérêts matérialistes
sont beaucoup plus familiers avec ces principes et avec leur utilisation
que ne le sont ceux qui œuvrent dan les domaines plus spirituels.
Nous devrions changer cette situation.
Tous ceux qui s’intéressent véritablement au
sort de l’humanité et qui s'orientent spirituellement,
devraient être au moins aussi déterminés et
aussi habiles à maîtriser et à utiliser la pensée,
l'imagination, la motivation et l'émotion, que les hommes
d'affaires accomplis.
Ceci met chacun en présence d’un défi et d’un
champ d’action utile et à sa portée, peu importe
sa situation extérieure. Penser de façon constructive
est une chose que nous pouvons tous faire, et ce, dans tous nos
moments libres, où que nous soyons.
Evidemment, à ses débuts, la véritable méditation
requiert calme et solitude, mais c’est un excellent entraînement
au contrôle mental que de consacrer les minutes libres occasionnelles
à penser de façon constructive. Rapidement, nous découvrons
que nous pouvons faire cela à des moments qui pourraient
sembler très peu favorables, comme sur le train ou en autobus,
lorsqu'on attend quelqu'un ou quelque chose, ou même en accomplissant
des simples travaux comme le ménage.
Assez souvent, nous faisons deux ou trois choses à la fois
sans nous en rendre compte; mais alors, la plupart du temps, nous
rêvons ou alors nous laissons nos pensées errer inutilement,
regrettant le passé, craignant l’avenir ou encore ne
pensant vraiment à rien du tout. Nous devrions plutôt
maintenir notre mental dans une activité constructive, ce
qui n’est pas très difficile avec un peu d’entraînement.
Mentionnons maintenant le facteur temps. C’est un problème
auquel nous sommes tous confrontés. La plupart d’entre
nous sentons qu’il y a tant à faire, que nos vies sont
si compliquées, que les besoins du travail et de la famille
nous laissent si peu de temps et d’énergie libres,
si peu de moments pour nous retrouver, que nous finissons par sentir
qu’il ne nous est pas possible de prendre le temps de méditer
chaque jour, bien que nous en réalisions la valeur. Ces difficultés
sont réelles. L’organisation et les rouages de la vie
moderne dans son ensemble, ne tiennent pas compte des droits de
la vie intérieure, en somme tout le courant actuel y est
opposé. Mais, malgré ces problèmes énormes,
si nous ressentons suffisamment la valeur de la vie intérieure
et si nous avons réellement l’intention de lui consacrer
un peu de temps, nous pouvons habituellement trouver un laps de
temps dans la journée au moins pour une courte méditation.
Dix ou quinze minutes ne représentent pas une longue période
à intercaler dans un programme de vingt-quatre heures.
C'est cependant évident que dans la vie moderne, il est
presque impossible de réunir les conditions idéales
pour méditer. Donc, tout moment de quiétude dans la
journée est une oasis dont on doit tirer profit. Un excellent
rythme à établir est de méditer à la
même place, chaque matin, au réveil, avant d’entrer
dans la mêlée du jour. La régularité
a une très grande valeur, mais nous ne devons pas dépendre
d’un rythme donné. Même s’il nous faut
plus de temps pour nous mettre en harmonie avec un travail intérieur
et que cela nous paraît très difficile, mieux vaut
apprendre à le faire indépendamment des conditions
extérieures. Chacun rencontre ses propres problèmes
et chacun a besoin de les résoudre de son mieux.
En rapport avec l'action intérieure de la méditation,
il y a un autre aspect important qu'on ne réalise généralement
pas, c'est la qualité et les effets rédempteurs de
la méditation. Cette rédemption s’opère
dans notre propre sphère psychique et si la méditation
est faite avec d'autres, elle rachète l’atmosphère
psychique nébuleuse dans laquelle nous vivons, en des cercles
de rayonnement toujours plus vastes. Elle la nettoie et la transforme,
et c'est une méthode définie de coopération
avec les forces rédemptrices. La plupart d’entre nous
avons un concept trop abstrait de la rédemption et nous avons
tendance à penser que c’est quelque chose que seuls
les grands êtres peuvent accomplir mais en fait, ce peut être
et ce devrait être une entreprise continue à laquelle
participe chacun d’entre nous.
Nous ne pourrons trop insister sur la réalité de
la vie de la pensée, sur son efficacité et sur son
potentiel créateur; en effet, si nous comprenons la valeur
de la pensée, nous saurons que nous avons chacun un rôle
à jouer. Nous verrons que nous possédons un pouvoir
qui était inconscient pour nous et dont nous avons fait mauvais
usage - mais si nous le choisissons - nous pouvons aider à
l'établissement des Lois et des Principes du Nouvel Age,
d'une façon très réelle.
L'art de la méditation est encore peu développé
dans notre civilisation occidentale et par conséquent, l'étude
des livrets traitant de ses divers aspects facilitera le travail
sur les Lois et les Principes; un tel travail est le but principal
de ce Groupe. Les six livrets de la Première Session traitent
de la méditation sous ses aspects suivants:
La méditation - Ce qu'elle est en général
- sa juste préparation
La concentration: le premier stade de la méditation.
La méditation dans son sens plus défini.
La méditation réflexive, qui est strictement mentale.
La méditation réceptive qui inclut le silence intérieur,
la contemplation et l'éveil de l’intuition.
La prière, la fonction du sentiment qui est une énergie
intérieure définie.
L’imagination, qui est sans doute la force propulsive la
plus efficace de l’action intérieure ; elle est employée
principalement dans la visualisation.
L’affirmation - l'emploi de la volonté.
L’invocation et l’évocation - l'action globale
de notre être entier qui "appelle" quelque chose
de plus élevé (invocation) et la réponse reçue
d'en haut suite à cette demande (évocation).
Création d'une forme-pensée - construite par une
fusion équilibrée de la pensée, du sentiment,
de l'imagination et de la volonté.
L'utilisation des formes-pensées au profit de l’Humanité
à deux niveaux:
- au niveau intérieur, comme radiation télépathique;
- dans le monde extérieur, en tant que manifestation - les
effets extérieurs d’un travail intérieur.
Le processus de la méditation
L’expression “conquête de l’espace intérieur”
illustre bien ce que nous nous efforçons d’atteindre
par la méditation - l’exploration des mondes intérieurs
et l’utilisation de notre intelligence pour conquérir
de nouvelles dimensions.
La première chose à saisir est qu’il existe
des mondes intérieurs et que nous vivons en eux tout le temps
par les aspects émotionnel et mental de notre nature. La
vie psychologique a une existence tangible dans ces mondes d’énergies
et de qualités et on ne devrait pas la considérer
comme étant entièrement subjective, abstraite et sans
forme, comme on l'a fait généralement - à tort.
Les mondes intérieurs, qui correspondent à notre
vie intérieure sont le domaine des causes et des significations
et sont, en fait, plus réels que ce qu'on appelle le monde
visible, car ils sont plus efficaces. C’est là que
prend naissance tout ce qui, plus tard, se précipitera dans
le monde extérieur, car tout ce qui se passe autour de nous
est l’expression extérieure de l’activité
ou de l’interaction d’énergies à ces niveaux
intérieurs. Le monde matériel, comme la physique moderne
l'a montré, est de nature très différente de
ce qu’il paraît être à nos sens, et la
compréhension des mondes intérieurs existant au-delà
des aspects extérieurs tangibles, nous permet de saisir une
image du modèle global de la vie. Une telle image nous ouvre
de nouvelles perspectives. Nous pouvons alors nous faire une idée
des différents types d’action et de leurs stades définis.
Ce sont ces stades que nous nous proposons de maîtriser dans
la méditation - notre exploration des mondes intérieurs
- grâce à l'analogie d'un missile envoyé dans
l'espace, poursuivant sa course et revenant sur la terre. En effet,
c'est un cycle analogue qui se produit dans le processus de la méditation.
Le premier stade de la méditation est celui de la projection.
L’énergie propulsive du missile vainc la force d’attraction
de la gravité et le fait décoller vers le haut. Ainsi,
d’une façon analogue, nous pouvons projeter notre centre
de conscience vers le haut, vers les mondes intérieurs. Après
être passés à travers la sphère des sentiments
et de l’imagination, nous pénétrons dans le
monde de la pensée, et même plus avant dans les niveaux
spirituels. Notre énergie propulsive est celle de l’aspiration,
appelée avec justesse "l'aspiration ardente", et
nous la dirigeons - comme il faudra diriger, en fait, tout le processus
de la méditation - par la grande puissance encore peu comprise
de la volonté.
La seconde étape du missile est son entrée dans le
champ de gravitation d’un autre centre d’attraction.
Ceci correspond à la prise de contact, par la méditation,
avec un centre d’énergie ou de vie supérieure,
avec un certain domaine de la pensée ou avec une région
spécifique de ces mondes intérieurs.
L’étape suivante est la plus délicate car il
s’agit d’équilibrer l’attraction descendante
de la terre et l’attraction ascendante de l’autre centre.
Si cela s’accomplit correctement, l'énergie propulsive
existant encore dans le missile lui permettra de circuler autour
du nouveau centre, en restant sur son orbite. La même chose
est vraie pour la conscience individuelle quand elle pénètre
dans des niveaux intérieurs supérieurs. Elle doit
atteindre la région vers laquelle elle se dirige, mais elle
doit garder sa liberté et ne pas en devenir prisonnière.
Elle doit y rester le temps nécessaire pour réaliser
son propos, c’est-à-dire le temps d’expérimenter
et d’enregistrer tout ce qui peut se rapporter au centre contacté,
ou à la région mentale atteinte. Alors nous devrions
terminer la méditation intentionnellement et harmonieusement.
La réception d’informations grâce aux instruments
du missile correspond à notre enregistrement et à
notre interprétation correcte des idées perçues
dans les régions supérieures; finalement, tout ceci
doit être utilisé et intégré aux connaissances
et aux expériences que nous avons déjà, tout
comme il en est de l'information obtenue du missile.
Nous pouvons pousser plue loin l’analogie: l’expédition
a pour but de contrôler le missile dans l’espace pendant
toute sa course à partir de son point de départ, la
terre. Il en est ainsi de la méditation, le contrôle
conscient ne devrait jamais être absent. Il est possible que
l'on tombe dans un état de transe ou d’inconscience,
mais une telle projection est mauvaise et dangereuse. La méditation
doit toujours être un processus conscient. Nous devons toujours
rester pleinement éveillés, et de ce point d’observation
- de là même où nous sommes - nous devons diriger
complètement ce processus, observant, contrôlant et
réglant son déploiement et sa durée.
Préparation
Le succès de la méditation dépend en grande
partie de sa préparation correcte et soignée. Pour
commencer, nous devons choisir un endroit aussi tranquille que possible
- au moins jusqu’à ce que nous soyons habitués
à la méditation - et un endroit où nous savons
que nous ne serons pas interrompus. Nous devons nous asseoir dans
une position confortable. Alors qu’en Orient, le fait de s'asseoir
les jambes croisées nous permet de garder la colonne vertébrale
droite, une telle posture est difficile pour ceux qui n’y
sont pas habitués, et elle n’est pas nécessaire.
Pour se préparer efficacement à la méditation,
il est bon de lire ou d’étudier un sujet relié
au thème sur lequel nous allons méditer. Si nous en
avons le temps, c’est une méthode qu’il est sage
de suivre, car elle facilite beaucoup l’harmonisation mentale.
Ensuite, nous devons essayer d’éliminer toutes les
tensions physiques, émotionnelles et mentales parce que de
telles tensions représentent une dépense inutile d’énergie
nerveuse et musculaire. La détente est un art qui requiert
de la pratique car elle n’est pas aussi simple que les apparences
le font croire. En essayant de nous détendre, nous pouvons
tomber dans l’autre extrême - un état de passivité
menant à la somnolence. Notre but est d’éliminer
toute tension superflue, tout en gardant le tonus nerveux et musculaire
nécessaire au maintien d’une vigilance et d’une
entière attention à ce que nous faisons.
La description des différentes techniques de relaxation
ne relève pas de nos objectifs, mais nous pouvons trouver
de nombreux livres qui traitent en profondeur des différents
aspects de la relaxation. Une des méthodes de détente
les plus efficaces consiste à adopter une respiration lente
et rythmée. Cependant, les exercices respiratoires doivent
être faits avec prudence car ils peuvent être préjudiciables
si on y met trop d’acharnement. Un bon exercice consiste à
prendre dix respirations profondes rythmées et lentes, avec
une courte pause à la fin de chaque inhalation et à
la fin de chaque exhalation. Il ne devrait y avoir aucune sensation
d’effort, ni durant la respiration, ni durant les pauses,
le but étant d’atteindre un rythme régulier
plutôt que de prendre un temps donné. Les muscles respiratoires
doivent être relâchés en exhalant ; ce “laisser-aller”
de la tension peut alors s’étendre à tous les
autres muscles du corps et ainsi, nous pouvons obtenir une détente
générale.
La détente physique est une première étape
nécessaire à une détente encore plus importante,
la détente psychologique. Celle-ci comprend la détente
émotionnelle et mentale qui s’opère en deux
phases distinctes correspondant aux deux différents niveaux
du monde intérieur dans lequel nous travaillerons -l’émotionnel
et le mental. Chaque niveau doit être abordé séparément
et en tenant compte de sa nature particulière.
Si, après la détente physique, nous commençons
à nous observer psychologiquement, nous découvrons
généralement qu’il y a en nous des sentiments
variés qui vont et qui viennent. Ces émotions doivent
s’apaiser. Il n’est pas bon de les réprimer de
force, mais le fait de les observer avec calme, “d’en
haut”, si l’on peut dire, sans s’identifier à
elles, leur fait perdre graduellement leur emprise et leur intensité
; elles cessent alors de s’agiter et se tranquillisent - sinon
entièrement, au moins au point où elles ne constituent
plus un obstacle sérieux. Et c’est suffisant.
Ce travail constitue la première partie de la détente
psychologique ; la seconde partie est la détente mentale.
Par nature, le mental est agité et continuellement actif.
Cet état est accru par le tempo rapide de la vie moderne
et aussi par toute stimulation émotionnelle. Si nous sommes
arrivés pour le moment à écarter les activités
de la vie ordinaire et à tranquilliser les émotions,
il nous sera moins difficile de calmer l’agitation naturelle
du mental lui-même.
Il n’est pas possible de parvenir à une détente
mentale complète à l’étape préparatoire
; ce sera la tâche principale de la première partie
de la méditation, la concentration. Dans le stade préparatoire,
il suffit d’atteindre un certain degré de désidentification,
ou de détachement de l’activité mentale et de
ne pas nous laisser entraîner dans toutes les directions par
celle-ci. Le mental de par sa nature, est constamment actif, et
cette activité doit être distinguée de la conscience
du soi que nous pourrions appeler la conscience de “l’Observateur”.
Ceci nous amène à la question - quelle est la partie
de nous-même qui médite ? Nous ne réalisons
pas toujours que l’être humain est composé de
plusieurs aspects différents, et que chacun d’eux a
sa vie propre et un rôle unique à jouer dans l’ensemble
de la personnalité. Chaque aspect apporte sa contribution
mais a aussi ses propres exigences. Chacun d’eux doit être
géré par le “Je” central, tout comme un
attelage de chevaux doit être dirigé dans une direction
déterminée par le cocher.
Dans la méditation, contrairement à ce que nous serions
portés à croire, ce n’est pas le mental qui
médite, mais le “Je” au centre, qui utilise le
mental pour méditer. La Technique de Désidentification
et de Reconnaissance du Soi est très utile pour nous aider
à prendre conscience de cette réalité. Il serait
avantageux de pratiquer cet exercice, avant de se lancer dans la
méditation, puisque c'est une excellente méthode pour
nous orienter et pour raffermir l’équilibre entre les
différents aspects de notre personnalité. Après
l'avoir pratiqué pendant un certain temps, nous découvrons
les implications profondes de chaque énoncé ; nous
nous formons une nouvelle image de nous-même et des autres,
et nous avons une meilleure compréhension des problèmes
psychologiques auxquels nous sommes tous confrontés.
Technique de Désidentification
Assoyez-vous en prenant une position droite et confortable. Relaxez-vous.
Prenez trois longues respirations pour vous calmer et pour approfondir
graduellement votre respiration, tout en adoptant un rythme lent
et confortable. Dites :
“J’ai mis mon corps dans un état confortable
et relaxé. J’ai un corps, mais je ne suis pas mon corps.
Je lui commande de faire des gestes ; il n’est pas moi.”
Après une courte pause pour ancrer cette prise de conscience,
déplacez votre pensée vers votre nature émotionnelle
et dites :
“J’ai des sentiments et des émotions mais je
ne suis pas mes émotions. Elles sont changeantes et contradictoires.
Puisque je peux les observer et souvent les maîtriser, il
est évident qu’elles ne sont pas moi. J’ai des
émotions, mais je ne suis pas mes émotions.”
Après une courte pause, continuez :
“J’ai un intellect, mais je ne suis pas mon intellect.
Il est actif et souvent indiscipliné. Puisque je peux le
contrôler et le diriger, il n’est pas moi. J’ai
un intellect, mais je ne suis pas mon intellect.”
Faire une pause. Après ce processus de dés-identification
du “Je” de ses différents instruments ou aspects,
suit le stade de la reconnaissance du Soi au centre. En maintenant
votre conscience en un point central et stable, affirmez :
“Je reconnais et j’affirme que je suis un centre de
pure soi-conscience. De ce centre, je peux observer, contrôler,
diriger et utiliser tous mes processus psychologiques, mes pensées,
mes émotions et mon corps physique. Je suis le Soi, un centre
de volonté et de pure soi-conscience.”
* * *
Bien que cet exercice ait l’air simple, il entraîne
des prises de conscience profondes, et il n’est pas aussi
facile à effectuer qu’on le croirait. Comme nous sommes
habituellement identifiés aux différents aspects de
nous-mêmes, cela prend du temps et de la persévérance
avant d'être capables de prendre du recul, avant de reconnaître
que nous ne sommes pas ces aspects - et de maintenir cette attitude
à travers les vicissitudes de la vie de tous les jours. Par
l'usage quotidien de cette technique, nous bâtirons graduellement
cette attitude et nous l'ancrerons dans l'inconscient aussi bien
que dans la conscience. Avant longtemps, nous découvrirons
que nous sommes capables de nous tenir dans le tourbillon de la
vie avec un détachement grandement accru. Nous verrons que
nous pouvons maintenir l’attitude de l’observateur des
actions et des réactions des divers aspects de la personnalité,
pour éventuellement en prendre le contrôle. Par-dessus
tout, nous commencerons à prendre conscience de notre nature
essentielle. Il deviendra clair que c’est le centre de soi-conscience
qui cherche à méditer et à s’élever
par la méditation vers les sources Supérieures qu’il
pressent, auxquelles il répond occasionnellement, mais qu’il
ne connaît encore que vaguement.
Concentration
L’art de la méditation présuppose la maîtrise
de notre intellect. Ce n’est jamais une entreprise facile;
en fait, pour la grande majorité des gens, l’acquisition
de ce prérequis est peut-être la plus difficile de
toutes les étapes. Alors, nous ne devrions pas nous décourager
si nous trouvons nos résultats insatisfaisants au début.
Comme c’est un aspect essentiel de la pratique de la méditation,
à tous ses stades, nous devons nous préparer à
y travailler patiemment et avec persistance.
Le premier élément à comprendre est la distinction
à faire entre la concentration spontanée ou automatique
et la concentration contrôlée, délibérée.
Elles sont différentes par leur nature et par leur façon
d’opérer. Ce qu’on appelle concentration spontanée
est un fonctionnement mental sous l’impulsion d’un sentiment,
d’un désir ou d’un intérêt intense
qui entretient son fonctionnement dans un certain sens. Un exemple
typique est celui de l’homme d’affaires qui établit
des plans pour le succès de son organisation. Un autre exemple
est la concentration de l’étudiant sur les sujets sur
lesquels il s’attend à passer un examen.
Ceux qui peuvent se concentrer efficacement de cette manière
ont l’illusion que leur pouvoir de concentration est bon.
Et cela en indique un certain degré, mais le fait de pouvoir
maintenir son attention sur une tâche ou sur un sujet quand
on est poussé par un intérêt, un besoin ou une
peur intense, ne veut pas nécessairement dire que la même
chose peut se faire lorsque l’intérêt manque.
Le fait est que, lorsque nous essayons de nous concentrer sur des
sujets abstraits ou sur quelque chose qui n'entraîne aucun
intérêt ou aucun bénéfice personnel,
nous trouvons cela bien plus difficile et nous découvrons
souvent que nous n’avons aucune maîtrise réelle
de nos pensées.
Cette découverte est humiliante mais salutaire. Elle montre
combien nous sommes la proie de nos impulsions et dans ce sens,
elle indique combien nous sommes négatifs, même quand
nous pouvons être extérieurement positifs et actifs.
Il est évident que nos émotions, nos impulsions et
nos pensées jouent presque dramatiquement en nous et sont
des forces puissantes dans nos vies. En d’autres mots, ce
sont elles qui nous poussent, au lieu d’être nous-mêmes
celui qui choisit, dirige et contrôle.
C’est une des raisons qui expliquent pourquoi les intérêts
plus intellectuels ou spirituels ne possèdent pas la puissance
motrice des intérêts personnels habituels de l’homme
moyen. Ajoutons que la nature de ces intérêts est fondamentalement
différente. Les sujets abstraits sont plus “fluides”
; ils sont moins tangibles pour le mental qui cherche à les
saisir et à s’y concentrer. Le mental étant
moins accoutumé à ces modes de fonctionnement, plus
subtils et plus difficiles, répugne à les affronter
et s’en détourne. C’est une nouvelle activité,
et en général, notre mental y résiste, car
tout nouveau sujet ou tout nouveau champ de connaissance présente
des difficultés au début et demande ainsi beaucoup
plus de concentration et d’efforts. Par contre, dans les domaines
familiers, beaucoup de déblayage a déjà été
fait et plusieurs des connections ont été établies,
ce qui rend le travail plus facile.
Ceci explique pourquoi beaucoup de gens répugnent à
accepter de nouvelles idées ou à changer leurs buts
ou leurs intérêts. Ils détestent ce qui est
nouveau en même temps qu'ils le craignent et, en conséquence,
ils y résistent. Un exemple amusant qui paraît incroyable
actuellement est la déclaration d'un éminent astronome
français qui affirmait en 1884 qu’il n’y avait
plus rien d’autre à découvrir dans le domaine
de l'astronomie !
Le fait de prendre conscience que nous ne sommes pas les maîtres
de notre mental peut nous choquer mais s’il en est ainsi,
c'est bon; cela nous galvanisera pour faire des efforts pour atteindre
la maîtrise mentale, et cela nous permettra d’y puiser
le stimulant émotionnel qui nous manquait auparavant. Un
autre résultat important relevant de ces découvertes
sur nous-mêmes est la conscience qu’il y a une différence
entre nous-mêmes et ce que sont nos pensées et nos
émotions. L’impossibilité de maintenir notre
pensée au travail démontre qu'il y a un conflit, et
ce conflit signifie qu'il y a deux factions qui s’opposent.
Il est important de reconnaître ce conflit parce qu’il
met en lumière la différence entre le “Je”
avec sa volonté propre, et l’intellect souvent indiscipliné,
résistant ou paresseux qui lui aussi, a en quelque sorte,
sa vie propre.
Le fait même de reconnaître ces aspects préliminaires
mais vitaux, constitue, pour nous un point d’appui pour apprendre
à concentrer notre mental à volonté. La recognition
de ces aspects nous donne aussi une compréhension de nous-mêmes
et nous fournit le mobile dont nous avons besoin pour devenir maîtres
de cet instrument précieux, le mental. Celui-ci est un si
bon serviteur lorsqu’il est dominé, mais il nous donne
tant de mal quand il est laissé à lui-même.
La technique à employer pour acquérir la maîtrise
du mental et pour acquérir la capacité de se concentrer
à volonté est à l’opposé de la
technique souvent utilisée dans l’éducation
moderne. En effet, celle-ci consiste à éveiller l’intérêt
de l’étudiant, ce qui permet d’acquérir
plus facilement la connaissance mais ne donne pas le vrai contrôle
ni la véritable maîtrise du mental. Pour arriver à
une concentration délibérée sur des sujets
difficiles et abstraits, la technique à utiliser est de commencer
en se concentrant sur des sujets simples et neutres qui n'ont aucun
intérêt pour nous. De cette façon, nous apprenons
à garder notre attention fixée sans l’aide d’un
intérêt ou d’un désir personnel.
Il existe plusieurs types d’exercices de concentration qui
peuvent servir de pratique. La perception visuelle est un exercice
simple et, par conséquent, bon pour commencer le travail.
C’est un entraînement à l’attention, non
à un processus de pensée, et il nous permet de développer
une habileté élémentaire à concentrer
notre attention, ce qui est le premier stade dans le processus plus
difficile et plus compliqué de la méditation sur des
sujets abstraits.
Un simple exercice de perception visuelle consiste à observer
une série d’objets, rapidement et avec précision.
Par exemple, observez le contenu d’une chambre pendant une
demi-minute et écrivez-en ensuite la description aussi détaillée
que possible. Le même exercice peut se faire à partir
de l’observation d’une même image plusieurs jours
de suite, ce qui permet de garder un relevé numérique
des résultats obtenus et ainsi, de mieux contrôler
nos progrès.
De tels exercices nous montrent aussi que la faculté d’observer
varie beaucoup selon les différents types psychologiques.
Bien des gens trouvent ce genre d’exercice comparativement
facile parce qu’ils sont intéressés au monde
extérieur et observent normalement tout ce qu’ils voient.
Pour ceux-là, ces exercices sont superflus. D'un autre côté,
ces exercices sont extrêmement utiles à ceux qui ont
tendance à vivre à des niveaux de vie plus abstraits,
plus intérieurs, ceux dont l’intérêt est
surtout centré dans le monde des émotions, de l’imagination
ou de la pensée pure. Ces exercices les habituent à
observer et à se concentrer sur ce qui ne les intéresse
pas, et ceci les aide à développer le côté
comparativement inexploité de leur nature. Le but de l’exercice
est d’être capable de se concentrer à volonté
quel que soit notre intérêt - sur n’importe quel
niveau de conscience et sur n’importe quel objet ou sujet.
Les exercices où l'on observe des objets extérieurs
servent de préparation à la concentration sur des
objets intérieurs - sur des images intérieures. Un
autre exercice qui permet la transition entre les deux étapes
est l'observation d'une image pendant vingt ou trente secondes,
pour ensuite fermer les yeux et essayer de conserver la représentation
de l’image devant “l’oeil mental” ou “l'oeil
intérieur”. En effet, nous avons tous ce pouvoir d’imagination
qui nous permet de nous représenter des objets, des visages,
etc… qui nous sont familiers. Il est plus développé
et dynamique chez certains mais pour atteindre notre but actuel,
ce n'est pas tellement la vivacité des images qui importe,
mais le pouvoir de les garder fermement devant l’oeil mental
et la capacité de concentrer notre attention sur elles. L’observation
soutenue d’une image nous aide considérablement à
la visualiser clairement, et à la maintenir, par la suite,
dans le champ de la conscience.
Un second exercice du genre consiste à évoquer une
image et à la maintenir mentalement claire pendant un court
moment sans l'avoir regardée juste avant. On peut commencer
avec un objet familier, tel un édifice que l'on voit chaque
jour, une rue que l'on connaît ou la représentation
d’un membre de notre famille. L’image devrait être
construite avec précision, en se concentrant sur les détails
; ensuite, il s’agit de la maintenir fermement pendant un
certain temps.
C’est ici que commence une lutte réelle - une escarmouche
intéressante mais quelquefois exaspérante - entre
notre volonté de conserver l’image et la nature fluide
de l’imagination, qui est accoutumée de passer d’une
chose à une autre en une succession rapide et souvent désordonnée.
Elle nous jouera toutes sortes de tours ; elle déformera
l’image, l’agrandira, y ajoutera des éléments
étrangers, la divisera en deux parties ou davantage, y substituera
quelque chose d’autre ; en fait, l’imagination fera
n’importe quoi, excepté laisser l’image stable
devant l’oeil mental.
Ce fait est humiliant mais révélateur. Encore une
fois nous avons une preuve indéniable que nous ne sommes
pas maîtres de notre instrument, et qu’il y a un conflit
entre lui et nous-mêmes. C’est alors que le processus
de maîtrise de soi commence réellement; maîtriser
a ici le sens d’utiliser, de diriger et de contrôler
- à volonté - notre mécanisme entier.
Voici un excellent exercice de concentration, tiré du livre
Concentration d’Ernest Wood.
Etudiez ce diagramme :
Copiez ce diagramme sur une grande feuille de papier et essayez
d’augmenter le nombre de flèches jusqu’à
100. Vous pouvez ajouter des idées personnelles et concrètes
comme : dire à un confrère que vous appréciez
une chose qu’il a faite ; être patient avec une personne
qui a un rythme différent du vôtre ; traiter les objets
qui vous entourent avec respect, etc.
Ne passez pas de temps à penser à d’autres
thèmes comme la Bonne Volonté, l’Egalité,
la Coopération, etc. Prenez note des idées intéressantes
et ramenez doucement votre attention aux Justes Relations Humaines.
Puis demandez-vous : “Quoi d’autre ? ” en maintenant
votre attention aux Justes Relations Humaines. Encore une fois,
écrivez toute idée qui se présente. Après
avoir écrit un bon nombre d’idées, votre mental
sera temporairement à sec. Persévérez un moment
pour permettre l’émergence d’autres idées.
Cet exercice peut être incorporé à la méditation
suggérée à la fin du cours. Non seulement il
aide à la concentration, mais il donne également une
méthode de réflexion sur le thème à
l’étude.
La clé pour acquérir le pouvoir de la concentration
est, comme pour toute autre habileté, une patience soutenue
et des exercices répétés. Ici, on pourrait
signaler que le processus d’évocation d’une image
mentale ou d’une représentation intérieure a
une valeur qui dépasse celui du développement du pouvoir
de concentration. Les images ont un pouvoir qui leur est propre,
pouvoir qui est consciemment ou inconsciemment utilisé. Nous
reviendrons sur ce sujet plus tard, dans le cours IV où l'on
traite de l’utilisation de la visualisation ; c’est
une partie des plus intéressantes et des plus importantes
de la technique de la méditation. En ce moment, nous n’étudions
la visualisation qu'en tant que phase de la concentration.
A part ces exercices techniques spécifiques, nous aurons
au cours de notre vie journalière, de nombreuses occasions
de nous entraîner à la concentration. Se concentrer
veut simplement dire donner toute son attention à ce que
l’on fait, sans se laisser distraire. Souvent, nous exécutons
les actions habituelles dans un état plus ou moins rêveur,
notre mental étant sans cesse entraîné dans
des pensées parasites et vagues, qui n’ont rien à
voir avec l’activité que nous faisons. Ceci crée
un état de dissociation passive qui peut prendre des proportions
dangereuses et qui, dans tous les cas, est une perte d’énergie.
Nous devons maintenir un certain degré de recueillement.
Nous devons aussi développer la capacité de faire
deux choses en même temps, ce qui veut dire être conscient
et actif simultanément à deux niveaux différents;
mais dans ce cas, nous sommes consciemment éveillés
et actifs aux deux niveaux, ce qui est très différent
du fait de laisser errer notre mental et notre imagination, sans
contrôle et contre notre volonté.
En considérant la concentration sous cet angle plus profond,
on peut dire que bien des gens paraissent à peine vivre dans
le présent. La majeure partie de leurs intérêts,
de leur attention et de leur vie psychologique sont dirigés,
soit vers le passé, soit vers l’avenir; soit qu'ils
se rappellent les choses passées ou les regrettent, soit
qu'ils s'inquiètent de celles qui sont encore à venir.
C’est une habitude malsaine qui doit être changée.
En résumé, la concentration implique l’habileté
à vivre dans le présent en général,
puis l’habileté à se centrer spécifiquement
dans cette partie ou cette section du présent où se
trouve notre devoir immédiat.
Il y a une forme de concentration plus élevée et
plus importante que celle dont nous avons traité jusqu’à
maintenant. C'est celle de l’Observateur ou du Spectateur
intérieur qui, étant lui-même parfaitement concentré,
observe le panorama fluide de la vie psychologique - ce que William
James appelait “le courant mental” -. Avec détachement,
il le perçoit, l’évalue et, au besoin, intervient
pour le modifier. Une telle attitude intérieure n’est
pas du tout facile à maintenir de façon constante.
Etant comme on pourrait dire “sur le bord” du courant
mental, nous sommes enclins à nous laisser entraîner
par lui. Notre attention est facilement attirée par des vagues
d’émotions, par quelque idée intéressante
ou par des impulsions pressantes et nous devons la ramener continuellement
au centre de la concentration, au soi, à la conscience, à
la partie en nous qui persiste, immuable au milieu de toutes les
variations du courant psychologique.
En poursuivant intensivement pendant les deux premiers mois ce
travail préparatoire à la concentration, nous posons
les bases indispensables à de futures méditations
efficaces. En cela, évitons deux extrêmes. L’un
est de faire ces exercices peu intéressants en apparence
d’une façon plus ou moins négligente, comme
une sorte de routine; ceci serait trop superficiel pour être
efficace. L’autre extrême à éviter est
d’y mettre trop d’acharnement et de force. Ce travail
devrait se faire sans aucune tension; nous ne devrions pas non plus
essayer de faire ces exercices quand nous sommes fatigués,
car nous aurions alors peu de chances de succès, et tout
progrès serait atteint au prix d’une tension trop grande.
Il est de plus recommandé de ne pas se laisser décourager
par l’échec, en particulier par l'incapacité
de maintenir la concentration pendant un certain temps. Au début,
il est suffisant d’atteindre une réelle concentration
pendant dix secondes, ensuite pendant vingt secondes; une minute
ou deux est déjà long. Donc, il vaut mieux pratiquer
les exercices courts et répétés, avec un certain
succès que d’essayer de se forcer pour maintenir l’attention
fixée pendant une période plus longue.
Finalement, il y a deux attitudes favorables que, comme Observateur,
chacun de nous devrait essayer de maintenir tout au long des expériences
et des exercices. La première est la patience envers soi-même
ou, plus exactement, envers notre mécanisme - l’attitude
que nous adopterions envers un enfant indiscipliné dont nous
espérerions gagner finalement la coopération. L’autre
attitude est d'avoir confiance que notre persévérance
entraînera le succès. La citation suivante de Keyserling
- tirée de son Journal d’un Philosophe - renforcera
cette confiance, et mettra l’accent sur la valeur de ce que
nous essayons d’atteindre:
“Sans aucun doute, le pouvoir de concentration est la vraie
force motrice de tout notre mécanisme psychique. Rien n’augmente
davantage notre capacité de rendement que sa croissance ;
chaque succès, dans n’importe quel domaine, prend sa
source dans l’exploitation intelligente de ce pouvoir. Aucun
obstacle ne peut résister d’une façon permanente
au pouvoir exceptionnel de la plus profonde concentration. L’attention
pousse chaque problème à se révéler
tôt ou tard dans tous ses aspects, aspects qui peuvent être
reconnus par une nature spécifique.”
Concentration et justes relations
La concentration requise pour une méditation efficace sera
évidemment nécessaire dans le travail sur chaque Loi
et chaque Principe. Nous avons une occasion particulière
de nous concentrer continuellement lorsque nous nous centrons sur
la Loi des Justes Relations Humaines car cette loi est liée
à toutes les circonstances de notre vie quotidienne. C’est
la base de toute coopération et de toute interaction constructive,
de plus, elle est nécessaire à toutes nos attitudes
; c’est pourquoi la pratique d’un contrôle mental
tout au long de la journée, tel que suggéré,
peut très bien être liée au développement
de justes relations. Ceci peut se faire, non seulement dans nos
rapports directs avec tous ceux que nous rencontrons mais aussi
avec tous ceux que nous contactons par correspondance, par téléphone
et même avec ceux auxquels nous pensons. Nous ne devrions
pas oublier non plus la nécessité de justes relations
à l’intérieur de nous-mêmes - entre les
émotions et le mental, et ensuite entre ceux-ci et l’Observateur
ou Celui qui perçoit.
Les exercices de ce type ont plus de valeur que les apparences
peuvent le laisser croire à première vue et ils peuvent
être utilisés pour atteindre différents buts,
comme on l'indiquera dans les livrets suivants. Non seulement conditionnent-ils
notre attitude générale pendant la journée,
mais, en réalité, ils construisent un modèle
permettant à notre pensée de se diriger plus facilement
pendant le jour. On peut dire que ces exercices aident à
établir la vibration requise comme on met au point un instrument
pour qu’il émette sur une certaine longueur d’onde.
Aussi, si cela est fait avec soin, les effets en sont d’une
grande valeur.
Exercice journalier
Le matin, avant d’entreprendre vos activités et avant
d’établir les contacts de la journée, concentrez-vous
et “voyez à l’avance” ou visualisez toutes
les associations probables avec d’autres personnes. Imaginez-les
telles qu’elles devraient être et voyez-les comme des
relations justes ; quelques-uns de ces contacts sont susceptibles
d’être difficiles, soit à cause d’une antipathie
quelconque ou à cause de différences d’opinions,
essayez alors de résoudre l’antipathie ou la critique
en appliquant la Loi des Justes Relations Humaines. Imaginez l’action
de cette Loi dans tous les contacts et dans tous les événements
du jour, établissant ainsi un modèle de justes relations
dans tous les aspects de la vie.
* * *
Section II
LA LOI DES JUSTES RELATIONS HUMAINES
Nous avons plusieurs milliards de voisins - pas des voisins partageant
la même rue, mais des êtres humains ayant des contacts
si étroits avec nous, et entre eux, à cause de la
vie moderne, qu’ils sont véritablement nos “voisins”.
Cela veut dire que les Justes Relations Humaines doivent être
d’une importance capitale dans le Nouvel Age dans lequel nous
entrons. Il y a aussi un autre facteur: ces contacts plus nombreux
sont survenus en un laps de temps très court comparativement
aux longues périodes de changement pendant lesquelles la
vie se développait par le passé. Presque du jour au
lendemain, les distances séparant un peuple d’un autre
ont été télescopées; nous pouvons voir
ou entendre dans nos foyers les événements survenus
de l’autre côté du monde; nous avons développé
des habitudes qui nous rendent économiquement dépendants
des peuples de presque partout sur la planète. Tous ces changements
requièrent une adaptation de notre part. Consciemment ou
non, nous sommes forcés de changer nos attitudes, de donner
de nouvelles dimensions à notre pensée et d’élargir
notre conscience aussi rapidement que la science fait avancer notre
civilisation. C’est un véritable défi pour la
nature humaine.
Cependant, nous devons aussi reconnaître que ces circonstances
extérieures nous forcent simplement à accepter le
type de rapport qui est notre véritable héritage comme
êtres humains. Celui-ci est le fondement de notre existence
; ce n’est pas seulement un idéal de vie harmonieuse
ou un besoin de survie, c’est un fait de la nature. Nous sommes
liés de façon indissoluble, et nous grandissons ensemble
dans le grand drame de la vie qui se déroule sur notre terre.
Nous sommes en contact continuel les uns avec les autres, non seulement
au point de vue social et sur le plan physique, mais aussi par le
cours de nos pensées et par le cours de nos émotions
qui s’interpénètrent. Nous sommes les parties
d’un tout, comme nos cellules font partie de notre propre
corps - chacune étant une unité, mais faisant également
partie d’une forme plus grande. Nous sommes membres de notre
famille et citoyens de notre ville, nous appartenons à notre
nation et - en vertu de la même loi - nous sommes des unités
dans le tout de la race humaine.
En considérant ces faits, nous pouvons saisir la perspective
très large avec laquelle la loi des Justes Relations Humaines
se présente et fonctionne. Ce n’est pas seulement une
loi sur la justesse de nos propres contacts avec autrui mais c'est
une règle fondamentale pour tout l’organisme de la
vie; son champ recouvre toute la sphère dans laquelle nous
vivons, c’est-à-dire celle de l’expression pratique
extérieure, celle des sentiments intérieurs, des attitudes
et de la pensée.
Dans une étude approfondie des Justes Relations Humaines,
nous avons besoin de réfléchir aux différentes
qualités impliquées. Le sens des responsabilités,
la compassion, l’amour et l’innocuité sont tous,
dans la chaîne des justes relations, des maillons qui doivent
être forgés dans nos propres coeurs. Et c'est notre
problème fondamental que d'arriver à établir
de justes attitudes à l’intérieur de nous. En
faisant cela, nous vaincrons nos limites et nous ouvrirons la voie
des justes relations, une voie pouvant se prolonger dans la vie
des autres.
Nous expérimentons quotidiennement la science des Justes
Relations, même si c'est souvent de façon inconsciente.
Par tous les actes journaliers et nécessaires de coopération,
par l’organisation de nos vies, par la façon de mener
tous nos contacts, nous expérimentons de façon pratique
les divers aspects, les divers degrés et les divers genres
de relations. Sur les plans intérieurs, nous tissons également,
et constamment nos relations par nos pensées et par nos sentiments.
Il y a eu au cours des âges, beaucoup de représentants
des Justes Relations Humaines. Plusieurs grands penseurs les ont
enseignées d’une façon ou d’une autre,
et tous ceux qui ont oeuvré pour la liberté humaine,
et pour les associations libres et justes entre les hommes, ont
contribué à réaligner les contre-courants et
les relations confuses qui résultèrent si souvent
des stades variés de développement de notre civilisation
et de notre culture.
C’est un concept joyeux que celui de la famille humaine et,
bien que sa réalisation ait été entravée
par la croissance nécessaire de l’individualisme et
de l’affirmation de soi, nous sommes maintenant à un
point où l’équilibre délicat entre l’individualité
et l’Ensemble peut commencer à se réaliser.
La Loi des Justes Relations Humaines demande une participation intelligente
avec cet Ensemble; l'acceptation irréfléchie et l’ancien
“instinct grégaire” ne qualifient pas l’attitude
propre au Nouvel Age. C’est comme individus développés
que nous essayerons, dans l’avenir d’adapter correctement
les petites unités personnelles dans la mosaïque de
la vie de l’humanité une, et c'est la coopération
intelligente avec cette Loi des Justes Relations Humaines qu’évoquent
ceux qui cherchent à favoriser l’établissement
du Nouvel Age.
* * *
Analyse
L’analyse suivante suggère des lignes de réflexion
sur cette loi. Elle peut aussi être utile en faisant l'Exercice
Journalier et en se servant du Plan de Méditation.
I. Types de relations :
1. Entre les aspects variés de soi-même :
-Le mental,
-Les émotions,
-Les actions,
-Le “Soi”.
2. Entre soi et ceux qui nous entourent, par exemple :
-Les membres de notre famille,
-Nos associés en affaires ou au travail,
-Ceux que nous rencontrons dans la routine journalière,
-Nos amis particuliers.
3. Entre les groupes auxquels on appartient, par exemple :
-Les groupes sociaux,
-Les groupes religieux,
-Les groupes politiques,
-Les groupes professionnels.
4. Entre les nations.
5. Toutes ces relations sont “horizontales” mais il
y a aussi des relations “verticales” :
-Avec ceux qui sont “au-dessus” de nous.
-Avec les règnes inférieurs de la nature.
II. Quelques obstacles aux justes relations :
1. L’égoïsme,
2. La peur,
3. La haine,
4. L’ambition.
5. L’orgueil,
6. La séparativité.
III. Quelques qualités nécessaires aux justes relations
:
1. Le sens des responsabilités,
2. La compréhension,
3. La compassion,
4. L’amour,
5. L’innocuité,
6. L’esprit de partage.
IV. Techniques pour établir de Justes Relations Humaines
1. La visualisation
Comme exercice journalier, visualisez vos relations comme de vivants
fils d’or ou comme des canaux par lesquels la lumière
et l’amour peuvent se déverser librement. (Voir l'Exercice
Journalier)
2. Pensée-clé (A dire tous les matins au réveil)
:
“Que toutes les personnes avec lesquelles je viendrai en
contact aujourd’hui soient bénies.”
3. Prière pour l’Unification
"Les fils des hommes sont un et je suis un avec eux.
Je cherche à aimer, non à haïr ;
Je cherche à servir, non à exiger le service dû
;
Je cherche à guérir, non à blesser.
Puisse la souffrance apporter sa juste récompense de
Lumière et d’Amour ;
Puisse l’âme dominer la forme extérieure,
Et la vie, et toute circonstance,
Et révéler l’Amour
Qui gît sous les événements du temps.
Que la vision et l’intuition viennent.
Puisse le futur se révéler,
Puisse l’union intérieure triompher
Et les divisions extérieures cesser.
Puisse l’Amour prévaloir
Et tous les hommes s’aimer."
* * *
Plan de Méditation
Sur la Loi des Justes Relations Humaines
I. Alignement par :
1. La détente - physique, émotionnelle et mentale.
Prenez un court instant pour ces étapes successives de détente,
en calmant la respiration. Celle-ci deviendra de plus en plus profonde
jusqu’à ce que vous ayez atteint le silence intérieur
et la sérénité.
2. L’aspiration
C’est le moment où l’énergie de la nature
émotionnelle est amenée à coopérer et
à s’harmoniser avec la démarche de méditation.
3. La concentration mentale
Le mental est calmé et dirigé vers les régions
supérieures de quiétude où s’opère
la méditation.
4. La réalisation
Identification avec ceux qui pratiquent cette méditation
partout dans le monde.
II. Consécration
Exprimez, à haute voix ou en silence, avec une intention
claire :
"Je me consacre, avec tous les hommes et toutes les femmes
de bonne volonté, à faire tout ce qui est en mon pouvoir
pour instaurer un Nouvel Age, basé sur la compréhension,
la coopération et le partage, où tous et chacun pourront
découvrir et exprimer leur créativité et réaliser
leur potentiel spirituel le plus élevé."
III. Méditation sur la loi des Justes Relations Humaines
1. Se concentrer quelques instants sur les Justes Relations Humaines.
2. Réfléchir sur le sens, la valeur et les implications
profondes de la loi des Justes Relations Humaines.
3. Visualiser un symbole des Justes Relations Humaines.
(Par exemple, un cercle de gens de toutes les races se tenant par
la main. De joyeux enfants qui jouent ensemble. )
4. Faire un plan pour établir comment manifester cette loi
individuellement, et commet contribuer à son implantation
dans le monde.
5. Rayonner la qualité de cette loi par télépathie
:
a. En répétant d’une manière réfléchie
et à haute voix les mots:
“ Justes Relations Humaines”,
b. En projetant la forme-pensée des Justes Relations Humaines
sur des rayons de lumière dans toutes les directions.
IV. Affirmation
"Puissions-nous être aidés à accomplir
notre part."
Le Plan de Méditation ci-dessus peut être utilisé
quotidiennement ou deux fois par semaine. Une méditation
courte et dynamique est plus efficace qu’une méditation
prolongée où l'on peut perdre sa concentration et
son élan ; une période de 10 à 15 minutes sera
donc largement suffisante. Dans ce cours se trouvent des suggestions
sur les étapes préparatoires à la méditation.
* * *
Lectures recommandées
Eastcott, Michal J. Introduction à l'Ere du Verseau, Montréal,
Editions CPI (Groupe de Méditation pour le Nouvel Age), 1982.
Eastcott, Michal J. The Silent Path, London, Ruder& Co., 1970
Leichtmann, Robert R. & Japikse, Carl. Active Meditation, Columbus,
Ohio, Ariel Press, 1982.
Wood, Ernerst. Concentration, Wheaton. Il., Theosophical Publishing
House, 1972.
Schumacher, E.F. Small is Beautiful, New York, Harper & Row,
1973
* * *
Liste des sujets traités dans les trois sessions
du cours de Méditation pour le Nouvel Age
PREMIÈRE SESSION
Thème : Les Bases de la Méditation
Cour I Qu’est-ce que la méditation ?
La loi des Justes Relations Humaines.
Cour II Les différents types de méditation.
Le principe de la Bonne Volonté.
Cour III La méditation réceptive.
La loi de l’Effort de Groupe.
Cour IV Les types de prière / la visualisation.
Le principe de l’Unanimité.
Cour V La volonté / l’invocation.
La loi de l’Approche Spirituelle.
Cour VI Le rayonnement et l’action intérieure.
Le principe de la Divinité Essentielle.
DEUXIÈME SESSION
Thème : Méditation et Formation à l’Éveil
de Soi
Cour I Méditation personnelle et méditation de service.
Le nouvel âge.
Cour II L’équilibre et la synthèse des opposés.
Tendances et caractéristiques du nouvel âge.
Cour III La réalisation du Soi ou de l’Ame. La désidentification.
La modalité
positive et le dynamisme.
Cour IV La volonté. Exercice de développement de la
volonté. L’extraversion.
Cour V Précautions à prendre en méditation.
La joie.
Cour VI Contemplation et rayonnement.
Unification, synthèse, universalité.
TROISIÈME SESSION
Thème : La Reconnaissance de la Réalité
Cour I Qu’est-ce que la réalité ? Les catégories
de mirages.
Les Justes Relations Humaines et le mirage.
Cour II L’inconscient. Techniques pour combattre les mirages.
Le principe de
la Bonne Volonté et les mirages.
Cour III Les mirages de la supériorité et de l’affirmation
de soi. La loi de
l’Effort de Groupe et les mirages.
Cour IV Les mirages négatifs.
Le principe de l’Unanimité et les mirages.
Cour V Les mirages liés à l’activité,
au mental.
La loi de l’Approche Spirituelle et les mirages.
Cour VI La dissipation des mirages liés aux relations.
Le principe de la Divinité Essentielle.
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