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                 Introduction
Section I   L'ÉQUILIBRE ET LA SYNTHÈSE DES OPPOSÉS
Section II  TENDANCES ET CARACTÉRISTIQUES DU NOUVEL AGE
Section III LE PRINCIPE DE LA BONNE VOLONTÉ
Pratique    PENSÉES SEMENCES
Pratique    LE PLAN DE MÉDITATION

Deuxième session - cours II


L'ÉQUILIBRE ET LA SYNTHÈSE DES OPPOSÉS

       Une fonction importante de la méditation consiste à éveiller la conscience aux nombreuses "paires d'opposés" qui co-existent en nous, aux problèmes qu'elles impliquent et aux techniques à utiliser pour les équilibrer. Les "paires d'opposés" sont les grandes dualités entre lesquelles "nous nous balançons", lorsque nous allons soit vers l'une, soit vers l'autre ; par exemple : esprit-matière, joie-tristesse, amour-haine. Savoir reconnaître et équilibrer ces opposés, afin d'apprendre à se tenir fermement en leur centre, est un aspect fondamental de l'intégration - psychologique et spirituelle - et une condition indispensable à l'évolution. Ce sujet est donc d'ordre tout à fait pratique, d'une importance vitale et mérite toute notre attention et tous nos efforts.

La mise en équilibre des opposés permet d'atteindre une juste harmonie et, lorsque nous y parvenons, nous découvrons ce qui, jadis, dans les enseignements du Bouddha, a été appelé "la Noble Voie du Milieu". Il est important de comprendre que cette Voie du Milieu ne doit pas être interprétée en termes de compromis ; au contraire, elle exige que nous trouvions ce point plus élevé de juste tension, à partir duquel chacun des deux pôles peut être utilisé de façon constructive.

La polarité est un fait universel ; à partir du premier instant où la manifestation cosmique commence à se développer, la dualité naît. La première dualité fondamentale est celle du manifesté et du non manifesté. Dans le processus de manifestation, la polarité fondamentale est celle de l'esprit et de la matière. Toute polarité est une relation entre deux éléments et, comme telle, n'est jamais absolue mais relative à une paire particulière d'opposés. Ainsi, le même élément peut être positif dans sa relation à un certain "pôle" et négatif dans sa relation à un autre.

Dans le monde physique, la polarité la plus communément reconnue est celle des pôles positifs et négatifs en électricité. Cette polarité est la base de la constitution de la matière, puisqu'il est bien connu que chaque atome est composé de charges d'électricité différenciées en : un noyau positif (sans prendre en considération ici la complexité des plus petites particules qui le constituent et qui ont été découvertes récemment) et un certain nombre d'électrons négatifs.

Dans les trois règnes de la vie organique (végétal, animal et humain) une des plus importantes polarités est la polarité sexuelle. Le pôle positif est représenté par l'élément masculin, le négatif par l'élément féminin. Cependant, cela ne signifie pas que seul le premier est actif et que seul le second est passif. Les deux sont actifs, mais chacun à sa façon, l'élément masculin étant dynamique et positif tandis que l'élément féminin est réceptif et "gestatif".

Bien au-delà des relations homme-femme, ce type de polarité s'étend à d'innombrables manifestations de la vie. C'est un fait particulièrement mis en relief par les Chinois qui considèrent ces deux principes comme le fondement même de l'évolution du cosmos et de chacun des aspects de la vie humaine. Dans cette philosophie, l'aspect créateur, symbolisé par le Père et le Ciel est appelé YANG et l'aspect réceptif, symbolisé par la Mère et la Terre est appelé YIN. Le bien-être de l'homme dépend de son accord harmonieux avec l'évolution cyclique de l'Univers où se tissent d'innombrables relations et d'innombrables interactions Yang-Yin. Parmi les nombreux textes chinois qui traitent du sujet, l'un des plus intéressants est le YI-KING ou Livre des Transformations (Traduction de Richard Wilhem et Etienne Pérot aux éditions Médicis).

Les organismes vivants, comme le corps humain, comportent de nombreuses polarités. L'une des plus importantes est celle existant entre le système nerveux sympathique et le système nerveux para-sympathique. Le premier stimule l'élimination ou catabolisme, le second, l'assimilation ou anabolisme. D'autres polarités existent entre les différentes glandes endocrines.

Le domaine des émotions et des sentiments contient, quant à lui, ces dualités familières à tous : plaisir-douleur, excitation-dépression, confiance-peur, attraction-répulsion, amour-haine.

Dans le domaine du mental, une polarité existe entre l'activité analytique du mental concret et le fonctionnement synthétique de l'intelligence supérieure ; une autre entre le processus inductif (du particulier au général) et le processus déductif (du général au particulier). La personnalité humaine prise comme un tout a également des polarités fondamentales largement étudiées par la psychologie moderne. Parmi les polarités psychologiques les plus importantes se trouvent : impulsion-inhibition, soumission-affirmation de soi, sentiment-raison, extraversion-introversion.

Dans le domaine spirituel, la dualité fondamentale est celle qui existe entre la personnalité et le Soi. Cette polarité est la cause de nombreux conflits intérieurs, jusqu'à ce qu'une relation harmonieuse, une fusion et une unification ou psycho synthèse soient atteintes.

Nos relations interpersonnelles créent d'innombrables polarités, non seulement entre homme et femme, entre individu et groupe, mais également entre jeunes et vieux, entre capital et travail et, à un niveau encore plus inclusif, entre Nord et Sud, entre Occidentaux et Orientaux, etc.

Nous sommes donc confrontés au problème de l'interaction de ces polarités et de l'équilibre à établir entre elles. Il ne peut être fait, ici, qu'une analyse très brève et générale des principes et méthodes permettant d'équilibrer les pôles opposés et de résoudre les "tensions polaires". Elle servira néanmoins à préciser les buts et la nature de la tâche :

1. La fusion des deux pôles impliquant la neutralisation de leurs charges d'énergie.
2. La création d'un être nouveau, d'une nouvelle réalité.
3. L'ajustement des pôles opposés, à partir d'un "centre intermédiaire" ou d'un principe plus élevé que chacun d'eux. Une action régulatrice de ce genre peut s'effectuer de deux façons :
a. en diminuant l'amplitude des oscillations entre les deux extrêmes, au point de les faire disparaître, provoquant ainsi une neutralisation plus ou moins complète (le "juste milieu"). Nous en trouvons un exemple très intéressant dans l'éducation : il s'agit de l'oscillation entre une autorité excessive et une liberté sans contrôle et la recherche d'une attitude équilibrée.
b. en dirigeant consciemment et sagement les alternances, de façon à ce que le résultat soit harmonieux, constructif et en accord avec les alternances cycliques individuelles et générales, humaines et cosmiques.
4. La synthèse provoquée par un élément ou un principe supérieur qui transforme, sublime et réabsorbe les deux pôles en une réalité plus élevée.

Les différents types de polarité requièrent chacun une solution appropriée. Mais l'homme dispose souvent de la liberté et, par conséquent, de la responsabilité, de choisir entre différentes méthodes d'harmonisation. Signalons néanmoins que les solutions prescrites ne sont pas toujours aussi clairement définies que l'énumération ci-dessus pourrait le laisser croire. Elles peuvent aussi s'imbriquer ou se combiner de différentes façons.

Dans le domaine des émotions et des sentiments, l'équilibre des qualités opposées requiert l'intervention d'un principe régulateur supérieur, de nature mentale ou spirituelle. La première tâche est d'empêcher que les émotions submergent la personnalité parce qu'elles entravent alors le juste fonctionnement de la raison et de la volonté. La meilleure façon de procéder est de se désidentifier des émotions, de maintenir le "Je", ou "soi" (le centre de conscience), sur un plan plus élevé que chacune des polarités, de manière à les observer, les évaluer et enfin, les maîtriser avec sagesse.

Qu'il soit bien clair que "maîtriser" ne signifie pas "supprimer" ; il ne s'agit pas de créer un état d'insensibilité ou d'aridité. Considérons, par exemple, la polarité fondamentale "plaisir-douleur". Aussi longtemps que nous demeurons esclaves de cette dualité, cherchant toujours cupidement le plaisir et fuyant, avec terreur, la souffrance, nous ne trouvons jamais la paix ou la vraie satisfaction. D'autre part, une inhibition forcée, une impassibilité artificielle ne constituent certainement pas une solution satisfaisante. Celle-ci ne peut être atteinte que par cette vision intérieure claire qui nous permet de comprendre les causes, la nature et les fonctions, aussi bien du plaisir que de la souffrance. Cette vision intérieure nous permet de reconnaître qu'en acceptant le plaisir, sans désir ni attachement et en acceptant la souffrance lorsqu'elle est inévitable, sans peur et sans rébellion, nous sommes en état d'assimiler des leçons précieuses, à travers la peine comme à travers le plaisir et de distiller l'essence de leur contenu.

En outre, nous avons la possibilité d'élever progressivement la qualité et le niveau de ces "opposés, de passer peu à peu des plaisirs physiques aux joies du sentiment et de l'intellect pour expérimenter, finalement, la joie spirituelle. L'être humain se fraie un chemin, de la souffrance physique aux troubles émotionnels puis aux conflits intellectuels. De là, il passe à la compassion pour les souffrances des autres, puis pour celles de la race humaine toute entière et de toute la création.

Ayant traversé ces nombreuses expériences, nous serons à même de récolter les fruits de la sagesse et nous apprendrons ainsi à stabiliser le centre de conscience à un niveau situé au-delà des alternances entre les plaisirs et les peines. Finalement s'acquiert la capacité de s'identifier à la Vie Universelle, au Soi Supra-Individuel, au Suprême qui transcende tous les "opposés" en une ineffable bénédiction.

Si nous examinons plus attentivement les polarités propres au domaine émotionnel, nous voyons apparaître deux types de solutions :
- L'une au niveau émotionnel lui-même et elle peut s'appeler "la voie du milieu", du compromis, la fusion des deux pôles.
- L'autre à un niveau supérieur, en deux modes :
a. par un contrôle sage et une utilisation avisée des deux forces opposées.
b. par la fusion des deux forces en une synthèse supérieure.

La première méthode, qui consiste à utiliser habilement les forces contraires, est expliquée dans un curieux livre de magie qui, en plus de son sujet spécifique, contient un matériel psychologique intéressant, dont voici un court extrait :

"Pour équilibrer les forces, il est nécessaire de les maintenir simultanément et de les utiliser en alternance. Plus vous êtes doux et calme, plus votre colère sera efficace ; plus vous êtes fort, plus votre gentillesse aura de prix... plus vous êtes indifférent, plus facilement vous vous ferez aimer par les autres."

(Eliphas Lévy, Rituel de Haute Magie, chapitre VIII.)

Naturellement, l'utilisation constructive de cette méthode présuppose des motifs positifs et des intentions pures.

La seconde méthode - celle de la synthèse - est analogue, dans un certain sens, à une combinaison chimique fusionnant deux éléments en une unité supérieure douée de qualités différentes de celles de chacune de ses composantes. La différence entre les deux solutions (celle des compromis et celle de la synthèse) peut être clairement représentée par les diagrammes ci-après. Au sujet de cette méthode, Christmas Humphreys a écrit :
"Nous parlons volontiers de vérité et de fausseté, de beauté et de laideur, de bien et de mal. Mais, au-dessus de chacune de ces oppositions, l'apex d'un triangle, un point de conscience, les inclut et les absorbe au niveau de la Vérité, de la Beauté et du Bien : ce Troisième Supérieur est la source, la création et la synthèse complète de ses alliés inférieurs. Il offre, de façon inégalée, un échappatoire à la tyrannie des Opposés. Sans lui, nous serions enfermés dans les zones inférieures pendant tout le cycle de vie d'un univers, déchirés par les tensions personnelles, sans possibilité certaine de fuite. Nous nous trouverions dans une voie moyenne et stérile de perpétuels compromis".

(A Western Approach to Zen, Allen & Unwin.)

Compréhension aimante
Sympathie   Indifférence   Antiphatie

Sérénité
   Excitation       Apathie      Dépression

Vision claire de la réalité
  Optimisme aveugle  Pragmatisme  Pessimisme extrême
À courte vue

Les différents équilibres, les ajustements et les synthèses sont précédés, dans la plupart des cas, de crises et de conflits intenses. Dans d'autres, ils s'effectuent d'une manière progressive et harmonieuse. Une compréhension claire de ces processus de psychosynthèse permet de les réaliser plus facilement et plus rapidement. L'élément essentiel, tel que mentionné précédemment, est d'éviter de s'identifier à l'un ou à l'autre des deux pôles et de contrôler, de transmuter et de diriger leurs énergies, à partir d'un point plus élevé de conscience et de pouvoir.

Une autre façon de concevoir la synthèse des qualités s'appuie sur le symbole de la pyramide. A la pointe, il y a l'unité; de là descendent des lignes divergentes ; sur le plan physique et au niveau humain se trouve donc un maximum de diversités, ce qui implique conflits, mésententes et différences.

La Vérité, la Beauté et la Bonté, ces trois énergies ou qualités spirituelles sont des exemples d'éléments de synthèse susceptibles de résoudre de nombreuses dualités. Ceci était déjà reconnu à l'époque de Platon. A la pointe du triangle, ces trois qualités forment une très belle synthèse. Reconnaissons qu'au sein de l'Humanité, elles sont souvent largement séparées : la véritable beauté n'est pas toujours accompagnée de bonté et de vérité ; une vérité scientifique fondamentale peut n'être ni bonne ni belle et, malheureusement, des expressions de réelle bonté sont, parfois, très inconsidérées. Incidemment, cela répond à la grande question de l'indépendance de l'art et de l'éthique, si souvent et si chaudement débattue. Au sommet de la pyramide, l'harmonie et la synthèse sont atteintes ; aux niveaux inférieurs règnent des différenciations et, souvent, des conflits.

Une autre polarité de grande importance est la polarité entre le "mental" et le "coeur", la raison et le sentiment. Elle s'équilibre, d'abord, par la reconnaissance de leurs fonctions respectives et de leur champ d'action légitime réciproque, afin que l'une ne prédomine pas sur l'autre. Par la suite, vient le stade d'une coopération croissante et d'une interpénétration qui aboutit, finalement, à cette synthèse si bien exprimée par Dante dans l'expression : "Lumière intellectuelle remplie d'Amour".

La polarité fondamentale entre la personnalité humaine globale et le Soi Spirituel est résolue en une unité, par un long processus de conflits, de transmutations, d'approches et de contacts. Il se produit d'abord une fusion partielle qui s'accroît progressivement et qui culmine dans une fusion complète ou une "infusion de la personnalité par l'Âme". Dans ce processus, la méditation joue un rôle important.

I

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